En italien, surtitré en français

En 1997, la Socìetas Raffaello Sanzio présente une oeuvre marquante, l’adaptation du Jules César de William Shakespeare. Un théâtre physiologique qui communique par la parole mais aussi et surtout au travers de physicalités altérées, pathologiques, archétypales. Une mise en scène qui bouleverse et capte littéralement le système respiratoire de l’audience, activant les rouages organiques de l’interprète pour atteindre ceux du spectateur. La voix, le système de phonation y sont travaillés par le plus ou moins grand âge des comédiens, par leur surcharge pondérale ou au contraire par leur maigreur squelettique. Travaillés aussi par des technologies d’investigation ou de réparation médicales qui sont saisissantes sur scène.

Romeo Castellucci reprend aujourd’hui une partie de ce spectacle, soit l’oraison funèbre de Marc Antoine, qu’annoncent le prologue d’un personnage nommé « …vski », allusion tronquée à un père fondateur du théâtre, et une dernière apparition de Jules César avant sa mort.

Une mise en scène qui bouleverse et capte littéralement le système respiratoire de l’audience, activant les rouages organiques de l’interprète  pour atteindre ceux du spectateur.

Au coeur de ce dispositif, le corps et ses organes locuteurs, qui tiennent le premier rôle, mais surtout un examen de la rhétorique, c’est-à-dire la manière dont la forme d’un discours peut donner de la force à son contenu. Ce qui produit quarante-cinq minutes aussi puissantes dans le son que dans l’image. Une caméra endoscopique filme la glotte de « …vski » lorsqu’il parle ; Jules César est âgé, il ne s’exprime plus, mais ce sont ses gestes qui prennent une valeur d’effectivité ; Marc Antoine a subi une laryngectomie : les trois personnages sont ainsi incarnés par des corps blessés, usés ou auscultés. Et ce Jules César se donne comme un drame de la voix.

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