Après Orfeo et Othello, Salomé est le troisième volet de «Serie Opera»: triptyque performatif autours de l’Opéra. Evelinn Trouble qui tient le rôle principal: chanteuse, musicienne et performeuse de grand talent qui continue à développer avec succès sa carrière outre-manche. Le texte de cette performance est tiré d’un livret d’opéra, ici celui de Hedwig Lachmann écrit pour le compositeur Richard Strauss, tiré de la pièce de théâtre Salomé d’Oscar Wilde. Toujours très librement réadapté, coupé, monté voire déformé pour en faire une proposition contemporaine légère destinée à une chanteuse/actrice et un musicien. La musique quant à elle est originale et jouée en live. Le principe de SERIE OPERA consiste à explorer un répertoire connu, mais qui ne jouit pas forcément d’une bonne image auprès du public des arts scéniques contemporains. Ceux qui connaissent le texte pourront sʼamuser à voir le traitement qu’il a subi, tandis que ceux qui ne connaissent pas lʼœuvre pourront découvrir un morceau de notre culture, de notre tradition et recevoir ces pièces avec moins dʼappréhension et de préjugés.

D’un côté, on trouve l’opéra de répertoire, de l’Orféo de Monteverdi à Peter Grimes de Britten en passant par Wagner et Bizet. De l’autre, on trouve l’opéra contemporain, de Philip Glass à Georges Aperghis en passant par Helmut Lachenmann. Dans les deux cas, il semble malheureusement que l’on s’adresse à un public très informé et connaisseur, amateur ou professionnel, qui soit trouve un intérêt, dans l’opéra de répertoire, à découvrir chaque nouvelle mise en scène et va apprécier l’interprétation des grands solistes, soit va à la découverte d’une nouvelle création originale et scrutera les talents de compositeur d’un musicien actuel, bien souvent à travers une partition peu accessible. J’ai donc l’impression que l’opéra s’enferme sur lui-même, volontairement ou par habitude, qu’il est fait par et pour une certaine élite et de ce fait a du mal à se développer ou en tout cas à trouver un aspect attractif pour un plus grand nombre. Depuis John Cage, le terme «théâtre musical» recouvre une grande variété de sous-genres très différents (la comédie musicale, le cabaret, la poésie sonore, l’opéra, la performance et installation sonore expérimentale et technologique, etc.). Par les projets du collectif Velma, puis par les pièces qui ont suivi (Glissando, Pastiche, Teenage Lobotomy), je pense m’inscrire quelque part au milieu de ces grands courants en proposant une sorte de théâtre musical décalé et expérimental. Ma formation de base est plutôt classique, mais mon expérience et mon parcours sont surtout passés par les clubs de rock et les théâtres ; je pense donc proposer une autre sorte de performance, peut-être un peu moins intellectuelle et un peu plus organique, jouant avec tous ces éléments que sont la musique, le chant, l’improvisation organisée, une certaine manière de dire un texte, la mise en scène et en image, le traitement des codes et des références et tout cela sans y mettre de barrière ou d’interdit. Christian Garcia